Journal de H. van Baumer
Ubersreik, le
8 Vorgeheim 2521
C’est hier que le
fameux bal masqué a eu lieu. Manfred von Holzenauer n’est pas originaire de la
ville et il n’y possède donc aucun bien immobilier. C’est donc devant un grand
manoir qu’il loue à un riche bourgeois de la ville que nous nous sommes retrouvés,
peu avant l’heure dite.
Le quartier était
complètement bouclé et quadrillé par des gardes, car les personnages les plus
importants de la ville allaient tous être présents ce soir. Pour arriver
jusque-là, nous avions dû montrer nos invitations à plusieurs patrouilles et
chaque fois les soldats nous avaient laissés passer en nous jaugeant, à la fois
incrédules et envieux.
Devant le manoir, il y
avait déjà des carrosses qui repartaient après avoir déposé leurs occupants.
Près d’une porte cochère, plusieurs nains déchargeaient des tonneaux de bière
sous l’œil attentif d’un autre nain, richement vêtu et avec un casque doré et
clinquant sur la tête.
A 7 heures pile, arrive
une double garnison de soldats de la ville, avec deux officiers, un homme et
une femme, en tenue de parade. Seuls ces derniers entrèrent tandis que les
gardes se dispersèrent autour de la demeure.
Nous finîmes par nous
approcher de l’entrée et tendre nos invitations au majordome. Comme nous
franchissions le seuil, il annonça « les Loups de Grünewald » !
Autant dire que notre entrée ne fut pas discrète et plusieurs personnes déjà
présentes tournèrent la tête pour nous regarder passer. Nous n’en menions
vraiment pas large.
Un homme aux cheveux
coupés très courts et à l’allure martiale s’approcha de nous en souriant ;
il était déguisé en homme des bois, avec un costume couvert de plumes. Il était
talonné par une femme en arme, à la mine peu avenante, qui elle n’était pas
déguisée (elle portait seulement un loup), nous comprîmes immédiatement qu’il
s’agissait d’une garde du corps. Et l’homme n’était autre que le baron von
Holzenauer qui tenait à nous souhaiter personnellement la bienvenue. Il nous
serra même chaleureusement la main, ajoutant qu’il avait hâte d’entendre nos
histoires. Je dus bredouiller que cela promettait d’être une belle soirée et
que nous étions ravis d’être là. Mes compagnons étaient encore plus mal à
l’aise que moi, surtout Grunilda qui avait fait l’effort de troquer son armure
contre une robe et qui ne savait absolument pas comment se tenir. La
pauvre !
Heureusement pour nous,
un nouvel invité entra et le baron pris congé pour aller l’accueillir. Nous
nous calâmes dans un coin pour observer les gens présents.
Dans la galerie qui
prolongeait l’entrée, il y avait deux hommes à la mine peu avenante, déguisé en
homme bête pour l’un et en truite pour l’autre (oui, oui, avec un masque en
forme de poisson !). Je crois que l’un d’eux était le Margrave von
Mackensen.
Le maître de la guilde
des marchands, Alfred Kardstadt fit son entrée. Il portait un costume tout à
fait extraordinaire : vêtu d’un bel habit aux couleurs de la ville, il
portait sur le visage un masque représentant l’un des plus grands ponts
d’Ubersreik et la tour qui le surmontait. Le nain que nous avions aperçu à
l’extérieur était en grande discussion avec l’un de ses congénères exhibant une
côte de maille en or et un masque représentant le Dieu Grugni. Un autre invité
discutait avec les deux capitaines qui était entrés juste devant nous ; il
était déguisé en faucon.
La salle où nous nous
trouvions était très grande. De petites tables étaient disposées sur tout le
pourtour de la pièce et une armada de serviteurs apportaient des plateaux
chargés de victuailles de toutes sortes et de boissons.
A peine étions-nous
installés qu’arriva Heissman von Bruner, vêtu de bleu avec un masque
représentant un sanglier. Juste derrière lui, Lord Rickard et de son épouse
Ludmilla furent annoncés. Tous deux étaient particulièrement élégants et
portaient des costumes assortis, noirs et argent, lui casqué et elle avec un
loup ouvragé sur une tige. Ils formaient vraiment un beau couple à l’air très
complice ; on dit qu’il s’agit d’un mariage d’amour, ce qui est rare dans
notre monde et encore plus chez les aristocrates. En revanche, il y avait une
tension latente entre Aschafenberg et Bruner : les deux semblaient
respecter une distance fixe entre eux, même leurs regards évitaient de se
croiser.
Lord Rickard alla
remercier notre hôte et échangea quelques mots avec certains invités puis vint nous
saluer. Il était en train de nous présenter à son épouse lorsqu’on annonça
Maximilien von Aschafenberg (qui est un neveu de lord Rickard) et qu’un silence
soudain se fit dans la salle. Occupé à discuter, nous ne l’avions pas vu entré
et c’est avec effarement que nous aperçûmes un jeune homme avec un sourire
goguenard et le regard déjà brouillé probablement par une forte dose d’alcool,
vêtu aux couleurs de la famille von Bruner et avec un grand tentacule à la
place d’un des bras. Je crus que Ludmilla allait défaillir ; Lord Rickard
devint blême tandis qu’Heissman von Bruner devenait écarlate. Visiblement très
content de son effet, le jeune frimeur promenait sa mine satisfaite parmi
l’assistance. Les conversations reprirent lentement et quelques rires fusèrent.
« Fêtes quelque
chose, s’il vous plait » nous intima lord Rickard, tandis que, du coin de
l’œil, nous pouvions observer avec horreur que son imbécile de neveu s’avançait
vers von Bruner. Il fallait à tout prix éviter un esclandre. Lars et moi nous faufilâmes
jusqu’à lui au milieu des invités. Je commençais à focaliser mon énergie, hors
de question que je me rate ! Lars
lui saisit le bras avec un grand sourire et nous l’attirâmes à l’écart aussi
vite que possible pour qu’il n’ait pas le temps de réagir ; je posais ma
main sur son autre bras... il s’endormit comme un bébé, j’ai rarement été aussi
efficace sur un sort de sommeil. Ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus
discret, mais bon... Nous le trainâmes hors de la salle et vers l’escalier où
nous le confiâmes à des serviteurs. « Mon seigneur se sent fatigué. Pouvez-vous
lui trouver un endroit où il pourra s’allonger ? ». Ils embarquèrent
le jeune homme endormi, qui sentait assez l’alcool pour rendre cette invention tout
à fait plausible.
De retour dans la
grande salle de bal, quelques personnes nous lancèrent des regards curieux.
Personne n’était dupe et, sans doute, cet idiot avait-il réussi à jeter le
trouble. Mais l’affront s’arrêtait là et très vite de nouveaux arrivants
focalisèrent l’attention.
Vers 19h30, Siegfried
von Saponatheim fit une entrée remarquée : déguisé en chasseur avec un
masque en forme de tête de cerf, affublé de bois qui passait tout juste sous
les portes, il était accompagné par une dame d’un certain âge mais avec
beaucoup d’allure, vêtue d’une austère tenue de veuvage, elle arborait un
masque aussi démesuré que celui de son fils et représentant une comète à deux
queues.
Plusieurs personnes
s’approchent de nous en nous demandant de raconter comment nous avons mis en
déroute les hommes-bêtes au pavillon de chasse de Grünewald. Nous nous lançons
dans un récit en évitant toute allusion aux serviteurs du chaos et à leurs
tentacules, inutile d’en rajouter. Sans trop en faire pour que cela reste
crédible, nous nous efforçâmes de présenter le rôle de Lord Rickard sous son
meilleur jour...
Les invités continuèrent
d’affluer. Tous ceux qui occupent une place dans la vie de la cité, tous les
nobles, les riches, les prêtres, les lettrés... Certains portent des costumes
tout à fait extraordinaires. Cela prendrait des heures de tout détailler !
Johann Brass le maitre
de la guilde des forgerons exhibait un déguisement et un maquillage qui le
faisait ressembler à une statue de bronze. Christopher Engel, un mage gris,
portait la robe de son ordre et un masque surprenant qui changeait tout le
temps de couleur. J’aimerais bien savoir faire ce genre de chose, c’est
parfaitement inutile mais c’est marrant !
Un nobliau du nom de
Florian Pfeifraucher était déguisé en faune, un costume très réussi. Marianne
Herlicht, la jeune prêtresse de Shallya, portait une belle robe blanche et une
colombe voletait autour d’elle venant de temps à autre se poser sur son bras. Les
prêtres en général n’avaient pas fait preuve de beaucoup d’originalité, chacun
affichant les attributs de leur culte ou de leur dieu : le prêtre de Morr,
annonçait comme le « Maitre des morts » avait sa robe noire et un
masque en forme de crâne ; le Haut-prêtre de Verena portait un casque et
une lance semblable à ceux de la déesse, sur sa robe étaient brodées une
chouette et une balance. Le prêtre de Sigmar lui n’était pas déguisé du tout.
Parmi les invités les
plus prestigieux, je citerais seulement un Bretonnien de forte carrure,
Jean-Luc de Cadent, duc de Grenouille, représentant du Haut-Roi de Bretonnie et
même une ambassadrice elfe Lorith Silverleaf. Je crois que c’est la première
fois que j’en voyais une d’aussi près : c’était une créature vraiment étrange,
pas vraiment belle selon des critères humains (trop grande et trop maigre) mais
il émanait d’elle une telle aura ! Sa magnifique robe, blanche brodée
d’argent, semblait se mouvoir autour d’elle comme si le vent la faisait
onduler, mais il n’y avait pas le moindre courant d’air ! Klueber et Lars
faillirent se décrocher la mâchoire et toutes les dames de compagnies se mirent
à chuchoter rageusement sur son passage.
Mais c’en est assez de
la chronique mondaine car la soirée a également été émaillée de nombreux imprévus
et d’incidents avant de sombrer irrémédiablement dans le plus complet
cauchemar.
Le premier accroc, que
j’ai décrit plus haut, concerna les frasques de Maximilien von Aschafenberg.
Mais dès le début de la soirée, nous entendîmes de l’agitation à l’extérieur et
le nain casqué sortit comme une bombe. Grunilda le suivit et en revenant elle
nous apprit que le bruit courait qu’un convoi transportant de la bière pour la
soirée avait été attaqué et intercepté par un mutant. Un peu plus tard, des
éclats de voix à l’extérieur nous alertèrent. C’est Lars qui sortit : il
s’agissait de plusieurs nains qui venaient faire un scandale disant qu’ils
avaient prêté de l’argent à Holzenauer qui tardait à les rembourser préférant
visiblement les dépenser sans compter dans l’organisation de fêtes. Lars réussit
à les convaincre de revenir à une autre fois. Ensuite, c’est Maximilien qui
refit surface et qui ne trouva rien de mieux à faire que d’aller carrément
bousculer von Bruner. Cette fois, nous nous interposâmes de justesse. Je réussis
à rendormir et cette fois nous l’amenâmes dehors pour le confier au cocher de
Lord Rickard afin qu’il le ramène directement chez lui.
La soirée avançant,
les esprits commencèrent à s’échauffer. Klueber assista à une altercation entre
le jeune noble déguisé en faune et la prêtresse de Shallya, il semble qu’il ait
eu un comportement un peu déplacé, sans doute à cause de l’abus de vin ;
il fut très vite éloigné par des serviteurs.
Plus tard, nous
surprîmes un domestique en train de mettre une poudre dans un verre destiné à
Lord Rickard. Après l’avoir intercepté, nous le conduisîmes dans une pièce de
service à l’écart de la foule. Il ne fut pas très difficile de lui faire avouer
qu’il faisait partie de la maison des Saponatheim et que c’était son maître qui
lui avait demandé d’agir ainsi. Inutile de faire plus de bruit que nécessaire
autour de cet incident. Lord Rickard nous avait demandé de faire en sorte que
tout se passe bien il fallait toutefois que nous restions attentifs. Nous nous
séparâmes pour investir les différentes salles où se déroulaient les
festivités.
Klueber entendit des
aboiements de chiens à l’extérieur et sortit faire un tour dans les jardins. A
peine quelques minutes plus tard, il revint avec l’air inquiet. Il avait aperçu
une maigre silhouette, sautant depuis un arbre sur le mur et grimpant
rapidement avant de se faufiler par un soupirail qui devait certainement
aboutir dans les cuisines ou le cellier. Grunilda et lui se précipitèrent dans
cette direction. En entrant dans le cellier, ils virent à nouveau la silhouette
juste avant qu’elle ne s’enfonce dans le puits. Mais quand ils se penchèrent à
la margelle, l’individu avait complètement disparu. Toutefois, un fort relent d’eau
croupie se dégageant de là, ils en déduisirent qu’un tunnel devait relier ce
puits et le réseau d’égouts de la ville. Avec des planches et des caisses ils
bouchèrent l’ouverture du puits. Puis, observant attentivement le sol en terre
battue, ils repérèrent de petites empreintes de pas menant jusqu’aux barils de
bières entreposés contre un mur. Deux était vides, mais le troisième était
encore plein. Des piétinements devant les tonneaux ne pouvaient signifier
qu’une chose, la bière avait été trafiquée et il y avait fort à parier que ce
n’était pas pour en améliorer la qualité. Notre naine, qui ne fait jamais dans
la dentelle, explosa les barils à coups de pied. Je pense que cela dût tout de
même lui coûter de gaspiller ainsi de la bière...
Pendant ce temps-là,
Lars et moi qui étions restés près du hall assistions à une scène assez
étrange. Un homme fit irruption dans l’entrée qui avait été désertée par le
majordome, tous les invités devant désormais être présents. Cet énergumène
portait des vêtements en lambeaux, son torse nu et ses bras étaient couverts de
cicatrices, d’ecchymoses et de lacérations. Ce n’était visiblement pas un
déguisement et on avait mal, rien qu’en le regardant ! J’avais déjà
vu des flagellants dans des processions à Altdorf, mais dans ce contexte, une
telle apparition était parfaitement incongrue. En entrant, il jeta un regard
dément sur l’assistance et, voyant l’invité déguisé en homme-bête se précipita
sur lui en brandissant son fouet. Mais nous fumes plus rapides et, le
ceinturant, nous le traînâmes dehors, où nous le confiâmes à des gardes.
Un peu plus tard, le
sanglier empaillé dans le hall se mit à bouger, puis à courir au milieu des invités.
Cela occasionna une belle panique. Il fut étonnement facile de l’arrêter en lui
envoyant une dague : il se dégonfla comme une baudruche. L’aura de magie
qui l’entourait me permit immédiatement de remonter jusqu’au mage gris qui, de
toute façon, ne se cachait pas, riant de bon cœur de sa plaisanterie. Passant
près de lui, je lui suggérai de ne pas trop s’amuser à ce genre de tour ;
plusieurs personnes avaient été bousculées et avaient failli tomber, ce n’était
pas vraiment le lieu le plus approprié. Je crois que mes avertissements le
firent encore plus rire ! D’ailleurs, plus tard dans la soirée il
recommença son manège avec le sanglier et même avec une écharpe en fourrure de
renard que portait une dame, ramenant la bête à la vie. Cette fois, dépassant
les bornes, il fut raccompagné dehors par les gens de notre hôte.
La soirée était déjà
bien avancée, lorsqu’une querelle éclata entre le Duc de Grenouille et un jeune
noble insolent qui s’était moqué de lui pour je ne sais quelle raison. Les
Bretonniens sont susceptible et ont visiblement le sang chaud car aussitôt le
Duc le provoqua en duel. Un petit groupe se forma autour des deux hommes qui se
dirigèrent vers les jardins. A l’extérieur ; il faisait nuit et la maudite
Morrslieb flottait dans le ciel dardant ses sinistres rayons verdâtres. Désormais,
je ne peux plus sortir lorsque cette lune parait sans ressentir encore de vives
brûlures dans le dos, là où les lames de malepierre m’ont frappée. Je restais
donc en retrait, près de la porte, observant la scène de loin. L’affaire fut
assez rapide d’ailleurs, le duc étant apparemment une fine lame, il sortit
vainqueur sans la moindre difficulté. Il blessa légèrement son adversaire, mais
assez cependant pour faire couler son sang. Or, exposé à la malsaine lumière de
Morrslib, le sang se mit à fumer. Le Duc resta interdit, le blessé se mit à
hurler et tout le monde revint à l’intérieur aussi vite que des lapins surpris
dans une clairière.
Klueber avait profité
de la sortie des invités pour refaire un petit tour dans le jardin afin de
rechercher quelques traces de cette silhouette aperçue plus tôt. Il réussit à
retrouver sa piste et monta jusque sur le toit. Mais, en furetant, c’est une
découverte bien plus macabre qu’il fit : sous des branchages, dans un coin
un peu à l’écart, il trouva le cadavre du jeune homme déguisé en faune. Il
avait reçu plusieurs coups de couteau ou de dague. Nous prévînmes discrètement
les capitaines de la garde qui étaient présents à la soirée.
Il y eut encore
plusieurs incidents : un des invités en train de prendre du bon temps avec
une servante dont le mari finit pas débarquer (on se serait cru revenus à
l’auberge des trois plumes), un début d’incendie dans les cuisines...
Mais l’apothéose était
pour minuit. Des projectiles traversèrent les fenêtres, les vitres volèrent en
éclats et les pièces furent envahies par de la fumée suffocante. Les invités se
précipitèrent à l’extérieur et nous prenions le même chemin, lorsque nous
entendîmes d’affreux cris de douleur et de terreur. A peine sortis, les gens
étaient assaillis par un étrange mal et se tordaient en abominables convulsions
sous la lumière de Morrslib et déjà nombreux étaient ceux qui rentraient malgré
l’odeur âcre qui régnait à l’intérieur mais qui semblait moins dangereuse. J’avais
les yeux qui pleuraient et ma gorge me piquait, mais rien qui ne soit
insurmontable. Il fallait retrouver le comte von Aschafenberg et sa femme ;
nous avions essayé de garder toujours un œil sur eux pendant la soirée, donc en
dépit de la cohue nous les repérâmes assez facilement et en même temps nous
remarquâmes plusieurs ombres se déplaçant rapidement et d’un pas assuré très
différents des hôtes affolés. Deux d’entre nous escortèrent Lord Rickard
jusqu’à l’étage pendant que les autres commençaient à poursuivre les ombres.
Nous réussîmes à les intercepter, ils attaquèrent sans sommations et nous
ripostâmes. Bien qu’évoluant au cœur d’un épais brouillard, il ne fut pas
difficile de reconnaitre des skavens et nous fûmes sans pitié. Ma dernière
rencontre avec ces affreuses créatures s’était soldée par de graves blessures,
encore cuisantes et ceux-là allaient payer pour leurs congénères. Un pourtant,
nous échappa et s’enfuit par le puits : la fermeture improvisée par
Grunilda et Klueber n’avait pas fait long feu...
La descente dans le
puits était facile, plusieurs pierres étant disposées en saillie ; un peu
au-dessus du niveau de l’eau, un trou s’ouvrait dans la paroi. Le skaven et
Grunilda pouvaient y tenir debout, mais pour Lars, Klueber et moi, la
progression était un peu plus lente, mais une fois dans les égouts, ce fut plus
facile. Il parvint à nous distancer, mais pas à nous semer. Comme à Averheim,
les conduits d’égouts débouchaient sur des salles souterraines plus grandes et
les skavens s’y étaient installés. Nous dûmes éliminer plusieurs skavens
« normaux » (enfin, pour autant que ces abominations puissent être
qualifiées ainsi) ; chaque fois que nous en tuions un, son corps se
décomposait en quelques minutes. Nous avancions au fur et mesure, poursuivant
les fuyards et arrivant dans de nouvelles salles. A un moment, un skaven géant,
mesurant deux à trois fois ma taille, nous tomba dessus. Là, ce fut un peu plus
compliqué, mais je crois que nous n’avions jamais été aussi efficace :
entre la rage de tuer ces monstres et, avec l’habitude, une bien meilleure
coordination de nos attaques, nous nous sentions pratiquement invincibles. Le
dernier homme-rat était un sorcier, manipulant l’épouvantable magie du chaos.
Lui aussi nous donna un peu de fil à retordre, mais il mourut et disparut comme
les autres.
Une fois débarrassés
des créatures, nous fouillâmes leur tanière, mais à part de la boue et des immondices
il n’y avait rien. Nous rebroussâmes donc chemin jusqu’au manoir. Nous devions
être bien pitoyables à voir lorsque nous émergeâmes du puits. Ma nouvelle robe
est dans un sale état je vais devoir la laver plusieurs fois avant d’effacer
l’odeur des égouts et de la saleté des hommes-rats et je ne parle même pas de
mes bottes !
Lord Rickard sembla
cependant content de nous revoir. Plusieurs personnes avaient été blessées et
certaines même très gravement dans l’attaque ; néanmoins, une bonne partie
des invités avait réussi à trouver refuge à l’étage avant que la garde n’arrive
à leur rescousse. Le calme semblait revenu dans le quartier, néanmoins nous préférâmes
raccompagner nous-même le comte et son épouse.
Nous nous en sortons
avec très peu de dommage et quelques jours de repos devraient nous remettre sur
pied. Je pense que nous avons réussi à nettoyer la ville de cette vermine. Plusieurs
personnes nous ont interrogées sur ce que nous avions vu, mais le nom de
« skaven » les a laissés incrédules. Comme à Averheim, on considère
qu’il s’agit d’une légende et que ces bêtes n’existent pas et, les corps
disparaissant systématiquement, nous n’avons aucune preuve.
Cela commence tout de
même à être très inquiétant. C’est la seconde ville où nous rencontrons ces
monstres et ce sont deux cités assez éloignées.
Je prie pour que la
contamination s’arrête là.