samedi 6 juin 2015

Première journée à Averheim


À Herr Magnus Van Baumer
Hndelbezirk
Nuln
Averheim, le Backertag 18 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,

Nous sommes arrivés hier à Averheim. 
 
Notre voyage s’est bien passé. La rivière n’était pas trop haute pour la saison et nous n’avons pas croisé beaucoup de monde, aussi la circulation était aisée. Il faut toutefois signaler que peu avant notre arrivée à Averheim, à environ deux jours d’ici, nous sommes tombés sur une barge abandonnée avec encore toute sa cargaison à bord. D’après la nature de ces marchandises nous avons supposé que la barge descendait vers Nuln. Un peu plus loin, nous avons trouvé un campement dévasté : les bateliers et le commerçant qui les accompagnait étaient tous morts. Il y avait aussi le cadavre d’une créature immonde avec des lambeaux de peau écailleuse : certainement l’un des assaillants. Si tu dois commercer avec cette ville et utiliser la voie d’eau, prend bien tes précautions pour assurer la sécurité de tes employés et de tes marchandises, et, surtout, si tu dois voyager toi-même par ici, je t’en prie, ne pars pas sans louer les services d’une escorte : les routes de l’Empire ne sont guère sûres en ce moment.

Nos bateliers sont repartis avec la cargaison : c’est une belle affaire pour eux. Quant à nous, nous avons hérité de la barge et elle nous sert de point de chute durant notre séjour. Nous sommes amarrés sur les docks, en face de la taverne du Cheval Blanc. Si tu souhaites me faire passer un message, tu peux me le faire porter là. Nous revendrons la barge lorsque nous reprendrons la route. Elle est en bon état, nul doute que nous en tirerons un bon prix. Mes cupides compagnons seront ravis
 Je tiens encore à m’excuser de leur attitude, mais ils viennent d’un milieu peu reluisant et ils cherchent à faire feu de tout bois

Comme nous arrivions en vue de la ville, nous avons aperçu une comète à deux queues. Je suppose qu’elle était visible également à Nuln. Cela a mis toute la ville en émoi, forcément. Il faut dire que ce n’est guère rassurant Les deux traînes étaient très nettes et la comète est restée visible un long moment. C’était un spectacle vraiment saisissant. J’en ai même rêvé pendant la nuit qui a suivi.



Averheim est une ville plus grande que ce à quoi je m’attendais, mais depuis notre arrivée, nous avons largement eu le temps de faire le tour de toutes les auberges de la ville pour essayer de retrouver une trace d’Herbert. Nous n’en avons négligé aucune, des plus modestes jusqu’aux plus huppées. Chaque fois, j’ai précisé son nom et donné sa description et chaque fois, nous avons fait choux blanc ! Nous nous sommes renseignés aussi auprès de la compagnie de diligences de la Flèche Rouge et chez les pigeonniers : rien ! Personne ne l’a vu.
Nous avons même interrogé les gardes de la ville et nous avons été jusqu’à visiter les Jardins de Morr pour vérifier que les prêtres n’avaient pas de cadavres non identifiés. 

Pas le plus petit début de piste
Je suis désolée.
Il ne reste qu’à explorer le quartier nord qui se trouve hors les murs, mais je n’ai pas beaucoup d’espoirs.
J’ai essayé de savoir où étaient logés Luis Dalmotti et les autres membres de l’expédition : il semble qu’ils aient été accueillis par le Graf Von Kaufmann dans sa demeure. Nous devrons donc attendre que la vente ait lieu pour savoir, si par hasard Herbert est entré en contact avec eux et, dans tous les cas, pour récupérer ton carnet.

Ce n’est pas une très grande consolation, mais il semble qu’il y a eu ici d’autres disparitions ces derniers jours. Klueber est originaire d’Averheim et peu après notre arrivée, nous avons rencontré sa tante Olga. Elle était totalement bouleversée, car voici plusieurs jours qu’elle est sans nouvelles de son époux Jurgen. Il a disparu au cours d’une nuit pluvieuse, en revenant de la taverne du Cheval Blanc. Nous nous sommes donc mis à sa recherche, mais là encore, en vain. Un peu plus tard nous avons été pris dans une bagarre entre deux bandes rivales qui se disputent le contrôle des docks. Nous avons ainsi appris que la même nuit que l’oncle Jurgen, une petite frappe nommé Rolf, membre d’une des bandes, s’était aussi volatilisé. Là encore, nous avons essayé de mener l’enquête, mais nous n’avons pas l’ombre d’un indice. Toutes ces disparitions sont bien mystérieuses.
Le seul fait notable est le résultat d’un pur hasard : Klueber se promène toujours avec sa bourse en évidence et, bien sûr, cela attire les convoitises. Alors, ce qui devait arriver arriva : un voleur à la tire lui a dérobé et s’est enfuit en courant. Après une petite poursuite, Grunilda l’a rattrapé et ils ont basculé tous les deux dans les bancs de sable et de vase qui bordent les quais. Klueber aussi a sauté et tout ce petit monde était en train de patauger dans la gadoue et de s’enfoncer quand nous les avons rejoint avec Lars. Et en les tirant de là, nous avons aussi sorti un corps. Il s’agissait d’un malfrat du quartier, mais pas celui que nous recherchions. Il avait été tué à coups de couteau ou d’épée dans le dos. Les blessures étaient cernées de gris et les chairs encore molles, cela m’a fait penser à du poison mais je ne suis pas bien sûre. Ce n’était pas très ragoutant !

Bref, tout ça pour dire que la ville n’a pas l’air très sûre. Oh ne t’inquiète pas, moi je ne crains rien, je ne suis pas seule et de toutes façons je sais me défendre. En revanche, Herbert a peut-être fait une mauvaise rencontre Si quelqu’un s’est rendu compte qu’il portait de l’argent sur lui, il est possible que l’on ait tenté de le voler et cela a pu mal finir.
Nous pensons embaucher quelques personnes pour essayer de draguer les zones envasées devant les quais.
Qui sait ? Peut-être retrouverons-nous les personnes portées disparues.

Je te tiens au courant dès que j’ai du nouveau.
Prend bien soin de toi
Je t’embrasse

Ta fille bien aimée Hannah.

En route pour Karak Dronar



À Maître Werner Beike
Collège Flamboyant
Altdorf

Karak-Azgaraz, le Marktag 18 Pflugzeit 2521

Mon bien cher maître,

J’ai bien reçu votre courrier : quel plaisir d’avoir enfin de vos nouvelles ! J’espère que vous pourrez lire cette lettre avant votre départ pour le front. Puissent mes vœux et mes prières vous accompagner dans ce périple.
De mon côté, je suis toujours à Karak Azgaraz avec mes compagnons. Ma blessure au bras est presque cicatrisée : les onguents des Nains font vraiment des miracles. J’ai encore un peu mal, mais je me sens de mieux en mieux. Malgré cette amélioration, l’état de mon bras est assez disgracieux. Aussi, j’ai acheté des brassards en cuir, comme ceux que portent les archers, et j’en ai fait rembourrer un avec du tissu : lorsque je le mets, on ne remarque plus rien.

J’ai pu rencontrer Svern Strüm, comme vous me l’aviez demandé. Il m’a expliqué le fonctionnement de la Société du Soleil et donné une chevalière, ainsi qu’un rouleau avec la liste de tous les lieux de réunion. Je m’engage donc à me rendre dans ces endroits, lorsque ce sera possible afin de vous représenter.

Ainsi que je vous l’ai exposé la dernière fois, j’avais prévu d’aider Grunilda et l’archiviste Hagar Barbe-Grise, à faire des recherches sur le clan Kurgansson. Cela a occupé une grande partie de mon temps néanmoins, ce ne fut pas vain car ce que nous avons appris est vraiment prodigieux.
Concernant le marteau tout d’abord, nous avons réuni un bon nombre d’informations, mais elles sont quelques peu contradictoires. Ainsi, d’après certains textes, ce marteau pourrait correspondre à une arme fabriquée par Alaric le Fou ! Non, non ! Je ne plaisante pas : le forgeron nain, contemporain du divin Sigmar, celui qui aurait forgé les Crocs Runiques que gardent aujourd’hui les Comtes-Electeurs de l’Empire ! C’est assez incroyable, n’est-ce pas ? D’autres données nous invitent plutôt à placer la création de cette arme à une période plus tardive, plusieurs siècles après la fondation de l’Empire : la forme et les runes seraient plus caractéristiques de cette époque. Dans tous les cas, ce marteau reste une arme extraordinaire et très puissante ;  sans compter que c’est un très bel objet. Nous l’avons amené au Maître des runes chez qui Grunilda a commencé son apprentissage et il l’a nettoyé et restauré. Il a même découvert une rune que nous n’avions pas vue !
Quant à ses propriétaires, les membres du clan Kurgansson, cette lignée aussi nous a réservé quelques surprises. Tout d’abord, il a été très difficile de retrouver leur trace dans les archives et les indices que nous avons recueillis sont assez maigres. Ce clan serait originaire de la forteresse de Karak Dronar, qui se trouve quelque part dans les Montagnes Noires, au-delà de la passe du Col du Feu Noir. La localisation exacte de cette citadelle est incertaine car elle a été abandonnée ou prise il y a bien longtemps. Si la cité est perdue, le clan lui semble bel et bien éteint. Korden devait être le dernier représentant de cette lignée.

Toute cette histoire a fortement ébranlé nos hôtes nains. Retrouver la trace d’un fort oublié est un véritable évènement. Nous avons assisté à une réunion entre l’archiviste Hagar, le Gardien des rancunes, Grom Brokkson et le thane de la cité Gronmir Dorisson. Grunilda qui détient actuellement le marteau était aussi invitée. Ils ont discuté de ce qu’il convenait de faire de cette arme.
Il y avait deux possibilités :
      la première était de conserver le marteau comme une relique, ici à Karak Azgaraz où il pourrait servir à assurer la défense de la forteresse. Grom Brokkson était partisan de cette solution.
      la seconde était de ramener le marteau dans la cité d’origine des Kurgansson, afin qu’il repose avec ses vrais propriétaires, même si ces derniers ne sont plus de ce monde. J’ai bien compris que c’était la solution la plus morale pour les Nains et ils étaient majoritairement d’accord avec cette idée, y compris Grunilda. C’est donc ainsi que les choses vont se passer.

Le problème est que la cité, comme je vous l’ai dit, n’est plus occupée par les Nains depuis plusieurs siècles et on ne sait pas si elle est simplement abandonnée ou envahie par des peaux vertes. On ne sait même pas la situer précisément Les Nains souhaiteraient la reconquérir mais il faut savoir d’abord qu’elle est la situation exacte du lieu. Il faut donc monter une expédition pour aller s’en assurer et évidemment Grunilda étant la porteuse du marteau, c’est à elle de s’y rendre. Le thane nous a expliqué que la sécurité de Karak Azgaraz était trop incertaine actuellement pour envoyer un détachement de Nains, en revanche, il s’est proposé de financer l’expédition si nous étions d’accord pour la mener.
Grunilda nous a demandé comme un service de l’accompagner et nous lui sommes tous redevables : à un moment ou à un autre de nos aventures, elle nous a tous sauvé la vie au moins une fois
Je sais que vous comprendrez  que je ne peux pas me dérober, ce serait indigne, tant envers Grunilda qu’envers les Nains de Karak Azgaraz qui nous demandent cette faveur pour les aider à retrouver un fort oublié de leur nation.

Les Nains vont nous fournir des chevaux, des vivres et tout le nécessaire pour cette expédition.
Nous devrons traverser les Montagnes Grises en direction de l’Est. Nous serons guidés par un nain cette fois, aussi ce sera plus facile et plus sûr qu’au cours de notre trajet depuis Hugeldal. Ensuite, nous passerons par l’Averland en empruntant les fleuves. Nous devrions faire étape à Nuln et cela me ferait vraiment plaisir de rendre visite à mon père que je n’ai pas vu depuis longtemps et surtout après ce que je viens de traverser. L’objectif est de rallier Grenzstadt où un éclaireur nommé Zarak devrait nous attendre. C’est un  ami du thane Dorisson et c’est lui qui nous guidera à travers les Montagnes Noires jusqu’à l’emplacement présumé de Karak Dronar.
Si tout se passe bien le voyage ne devrait prendre que quelques semaines et d’ici à un mois au maximum je devrais pouvoir être libérée de ma promesse envers les Nains et je pourrais alors rentrer au Collège. Je sais que vous ne m’en voudrais pas de ce nouveau contretemps et que les magisters comprendront aussi très bien. Agir autrement serait contraire à nos règles de conduite, les Nains sont les alliés de l’Empire et je me dois de les aider

Comme nous allons faire étapes dans de nombreuses cités, je ne devrais avoir aucune difficulté à vous écrire régulièrement pour vous donner de mes nouvelles et vous tenir informé de l’avancée de notre mission. A mon retour à Altdorf, si vous n’êtes pas revenu du front, j’espère que l’on m’autorisera à vous rejoindre : ma formation n’est pas achevée, mais je souhaite servir ma patrie et je brûle de me rendre utile.

Je vous prie de croire, mon cher maître, en ma fidélité envers vous et en ma loyauté envers notre ordre.
Puisse Sigmar, vous accompagner et vous préserver du mal.

Votre dévouée acolyte
Hannah van Baumer