À
Herr Magnus Van Baumer
Hndelbezirk
Nuln
Averheim, le Backertag 18 Sigmarzeit 2521
Mon très cher papa,
Nous sommes arrivés hier à
Averheim.
Notre voyage s’est bien passé. La rivière n’était
pas trop haute pour la saison et nous n’avons pas croisé beaucoup de monde,
aussi la circulation était aisée. Il faut toutefois signaler que peu avant
notre arrivée à Averheim, à environ deux jours d’ici, nous sommes tombés sur
une barge abandonnée avec encore toute sa cargaison à bord. D’après la nature
de ces marchandises nous avons supposé que la barge descendait vers Nuln. Un
peu plus loin, nous avons trouvé un campement dévasté : les bateliers et
le commerçant qui les accompagnait étaient tous morts. Il y avait aussi le
cadavre d’une créature immonde avec des lambeaux de peau écailleuse :
certainement l’un des assaillants. Si tu dois commercer avec cette ville et
utiliser la voie d’eau, prend bien tes précautions pour assurer la sécurité de
tes employés et de tes marchandises, et, surtout, si tu dois voyager toi-même
par ici, je t’en prie, ne pars pas sans louer les services d’une escorte :
les routes de l’Empire ne sont guère sûres en ce moment.
Nos bateliers sont repartis avec
la cargaison : c’est une belle affaire pour eux. Quant à nous, nous avons hérité
de la barge et elle nous sert de point de chute durant notre séjour. Nous
sommes amarrés sur les docks, en face de la taverne du Cheval Blanc. Si tu
souhaites me faire passer un message, tu peux me le faire porter là. Nous
revendrons la barge lorsque nous reprendrons la route. Elle est en bon état,
nul doute que nous en tirerons un bon prix. Mes cupides compagnons seront ravis
…
Je tiens encore à m’excuser de leur attitude,
mais ils viennent d’un milieu peu reluisant et ils cherchent à faire feu de
tout bois …
Comme nous arrivions en vue de la
ville, nous avons aperçu une comète à deux queues. Je suppose qu’elle était
visible également à Nuln. Cela a mis toute la ville en émoi, forcément. Il faut
dire que ce n’est guère rassurant… Les deux traînes étaient très nettes et la
comète est restée visible un long moment. C’était un spectacle vraiment
saisissant. J’en ai même rêvé pendant la nuit qui a suivi.
Averheim est une ville plus grande
que ce à quoi je m’attendais, mais depuis notre arrivée, nous avons largement eu
le temps de faire le tour de toutes les auberges de la ville pour essayer de
retrouver une trace d’Herbert. Nous n’en avons négligé aucune, des plus
modestes jusqu’aux plus huppées. Chaque fois, j’ai précisé son nom et donné sa
description et chaque fois, nous avons fait choux blanc ! Nous nous sommes
renseignés aussi auprès de la compagnie de diligences de la Flèche Rouge et
chez les pigeonniers : rien ! Personne ne l’a vu.
Nous avons même interrogé les
gardes de la ville et nous avons été jusqu’à visiter les Jardins de Morr pour
vérifier que les prêtres n’avaient pas de cadavres non identifiés.
Je suis désolée.
Il ne reste qu’à explorer le
quartier nord qui se trouve hors les murs, mais je n’ai pas beaucoup d’espoirs.
J’ai essayé de savoir où étaient
logés Luis Dalmotti et les autres membres de l’expédition : il semble
qu’ils aient été accueillis par le Graf Von Kaufmann dans sa demeure. Nous
devrons donc attendre que la vente ait lieu pour savoir, si par hasard Herbert
est entré en contact avec eux et, dans tous les cas, pour récupérer ton carnet.
Ce n’est pas une très grande
consolation, mais il semble qu’il y a eu ici d’autres disparitions ces derniers
jours. Klueber est originaire d’Averheim et peu après notre arrivée, nous avons
rencontré sa tante Olga. Elle était totalement bouleversée, car voici plusieurs
jours qu’elle est sans nouvelles de son époux Jurgen. Il a disparu au cours
d’une nuit pluvieuse, en revenant de la taverne du Cheval Blanc. Nous nous
sommes donc mis à sa recherche, mais là encore, en vain. Un peu plus tard nous
avons été pris dans une bagarre entre deux bandes rivales qui se disputent le
contrôle des docks. Nous avons ainsi appris que la même nuit que l’oncle
Jurgen, une petite frappe nommé Rolf, membre d’une des bandes, s’était aussi volatilisé.
Là encore, nous avons essayé de mener l’enquête, mais nous n’avons pas l’ombre
d’un indice. Toutes ces disparitions sont bien mystérieuses.
Le seul fait notable est le
résultat d’un pur hasard : Klueber se promène toujours avec sa bourse en
évidence et, bien sûr, cela attire les convoitises. Alors, ce qui devait
arriver arriva : un voleur à la tire lui a dérobé et s’est enfuit en
courant. Après une petite poursuite, Grunilda l’a rattrapé et ils ont basculé
tous les deux dans les bancs de sable et de vase qui bordent les quais. Klueber
aussi a sauté et tout ce petit monde était en train de patauger dans la gadoue
et de s’enfoncer quand nous les avons rejoint avec Lars. Et en les tirant de
là, nous avons aussi sorti un corps. Il s’agissait d’un malfrat du quartier, mais
pas celui que nous recherchions. Il avait été tué à coups de couteau ou d’épée
dans le dos. Les blessures étaient cernées de gris et les chairs encore molles,
cela m’a fait penser à du poison… mais je ne suis pas bien sûre. Ce n’était pas
très ragoutant !
Bref, tout ça pour dire que la
ville n’a pas l’air très sûre. Oh ne t’inquiète pas, moi je ne crains rien, je
ne suis pas seule et de toutes façons je sais me défendre. En revanche, Herbert
a peut-être fait une mauvaise rencontre… Si quelqu’un s’est rendu compte qu’il portait de
l’argent sur lui, il est possible que l’on ait tenté de le voler et cela a pu
mal finir.
Nous pensons embaucher quelques
personnes pour essayer de draguer les zones envasées devant les quais.
Qui sait ? Peut-être retrouverons-nous
les personnes portées disparues.
Je te tiens au courant dès que
j’ai du nouveau.
Prend bien soin de toi
Je t’embrasse
Ta fille bien aimée Hannah.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire