samedi 8 août 2015

Deuxième et troisième journée à Averheim

À Herrn Magnus Van Baumer
Hndelbezirk
Nuln
Averheim, le 20 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,


Averheim n’est vraiment pas une ville plaisante. Moins de temps nous y resterons et mieux je me porterais.  Dès que nous aurons récupéré tes carnets nous partirons sans regrets.
Tout d’abord, il pleut presque sans discontinuer depuis deux jours. Et quand ce n’est pas la pluie qui noie la ville, c’est une chape de brouillard épais et nauséabond qui s’abat sur elle. L’humidité et la boue s’infiltrent partout, c’est déprimant.

Indépendamment du climat, nous nous enlisons aussi dans nos enquêtes : nous n’avons toujours aucun indice sur les disparitions d’Herbert et de l’oncle Jurgen. Nous n’avons rien trouvé non plus concernant le docker.
En revanche, nous commençons à comprendre un peu mieux ce qui se passe ici. Averheim, comme toutes les grandes villes a son lot de petits délinquants pouilleux et quelques malfrats plus sinistres. Le quartier des docks où nous nous sommes installés en est le petit théâtre sordide. La nuit, c’est le domaine des contrebandiers et le fleuve se transforme en une véritable ruche avec des barques qui se croisent et des marchandises qui sont déchargées en un rien de temps. Parallèlement, il y a des bandes de dockers qui se disputent le territoire en provoquant des bagarres et en multipliant les coups bas. Tout ce joli monde se réunit au Porc-Debout, une taverne malfamée qui pue le mauvais alcool et les trafics malsains. Et je ne parle même pas des tapineuses et de leurs maquereaux, ni des vendeurs d’herbes, ni des voleurs à la tire comme celui qui avait piqué la bourse de Klueber
Non, le vrai problème actuellement dans le quartier ne vient pas de cette vermine, mais plutôt de l’arrivée d’un nouveau cacique qui élimine la concurrence, physiquement, et reprend à son compte les prêts, l’extorsion et le rançonnement, bref tout le commerce louche lié à l’argent. Le cadavre que nous avons trouvé dans les bancs de sable, devant l’auberge du Cheval Blanc, était vraisemblablement une de ses victimes, Klaus Keller. Ce nouvel arrivant s’en prend à tous les propriétaires d’entrepôts, aux commerçants, aux bateleurs qui accostent au port. Et, non content de reprendre les affaires des anciens truands, il a visiblement fortement augmenté les prix.
Ceux qui refusent de payer sont menacés, voire agressés. Nous avons rencontré un nain qui possède un entrepôt et passe ses nuits à le garder parce qu’il a reçu des avertissements sans équivoques ; Grunilda a décidé d’aller l’aider à surveiller son bien. Nous avons aussi assisté à l’incendie d’une péniche et il s’en est fallu de peu que la famille qu’elle abritait ne périsse dans les flammes. Nous sommes intervenus pour aider le propriétaire, Adolphus Stark, marchand de tissus, à éteindre le feu. Lars a réussi à attraper un des deux pyromanes, mais il n’a pas pu lui faire révéler quoi que ce soit sur le commanditaire, cette racaille avait l’air d’avoir plus peur de son chef que de Lars, même en colère. Finalement, l’homme a failli se faire lyncher par la foule et a été exécuté sans plus de procès par un sergent de la ville qui venait voir ce qui se passait.
Une justice expéditive ! Mais, bon ! Je ne vais pas pleurer sur cette petite frappe !
En dehors de ce coup d’éclat, les gardes sont assez absents du quartier des docks, ils sont certainement au courant de toutes les affaires louches qui se traitent ici, mais ils doivent avoir quelques intérêts à ne pas trop les perturber

Pour en revenir au nouveau caïd du port, en dehors du fait qu’il semble à peu près aussi violent que cupide, nous n’avons que peu d’informations à son sujet. Nous ne disposons que d’une description succincte et qui ne nous avance pas beaucoup : c’est un homme en noir avec une cicatrice ! Il doit y en avoir des dizaines qui correspondent à ça en ville !
 Les gens sont visiblement effrayés et ne sont guère loquaces. En fait, malgré tous nos efforts, je crois qu’ils se méfient vraiment de nous. C’est compréhensible, nous ne sommes que des étrangers, mais c’est quand même rageant ! 



Que les gens soit peu ouverts est une chose, mais malheureusement les autorités locales ne souhaitent pas plus nous aider et encore moins que nous les aidions ! 
 

Ce matin, un autre corps a été retrouvé, avec des plaies étranges, comme celles du cadavre du banc du sable. La foule présente a reconnu un autre éminent racketeur, Hermann Halheimer.
On est venu nous chercher pour que nous témoignions qu’il s’agissait des mêmes blessures. Il y avait des gardes et un mage du Collège Lumineux, Maître Mauer le Lumineux. Tous nous ont pris de haut, nous avons collaboré, mais eux ont refusé de répondre à nos questions. Je me suis un peu emballée, je crois, et j’ai un peu insulté le mage. Si mon maître le savait, je pense que je me ferais bien sermonnée. Le mage aussi l’a mal pris et il a essayé de m’impressionner ; ça a marché, même si je n’ai rien laissé paraitre. Le pire dans l’histoire, c’est que nous avons perdu une occasion de nous en faire un allié (bien que je pense que c’était de toute façon mal engagé). Je devrais peut-être essayer de le retrouver et m’excuser... Non, ce serait certainement une perte de temps.

Quoi qu’il en soit, les cadavres s’accumulent et nous n’avons pas appris grand-chose, ni beaucoup avancé. Une aura de mystère entoure le nouveau caïd du quartier et il semble très dangereux pour un simple voyou ; la façon dont ses rivaux sont tués est trop inhabituelle.
J’ai un mauvais pressentiment et je me sens aussi impuissante que nous l’étions à Hugeldal.
Je ne peux que te conseiller d’éviter de commercer avec les gens de cette ville ou, au moins, de t’engager dans toute nouvelle affaire avec eux.
J’espère que j’aurais de meilleures nouvelles pour ma prochaine lettre.
Prend bien soin de toi.
Je t’embrasse.



Ta fille bien aimée Hannah.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire