Journal
de H. van Baumer
Grenzstadt, le 31
Sigmarzeit 2521
Nous
avons atteint la petite ville de Grenzstadt
à la fin de l’après-midi. Les murs d’enceinte culminent à une belle hauteur et
ont l’air bien épais. La solidité de cette forteresse n’est guère surprenante
puisqu’il s’agit de la dernière place forte défendant l’entrée du col du Feu
Noir ; son rôle stratégique est donc primordial pour l’Empire. C’est aussi
une ville minière très active. Le fer produit ici est très réputé et alimente
en partie les manufactures de Nuln. D’ailleurs, au-dessus de la ville, s’élèvent
de longues colonnes de fumées, aussi noires que celles qui obscurcissent le
ciel de ma ville natale. Mais la comparaison s’arrête là : la ville est
toute petite, il n’y a que trois entrées dont celle du fleuve par laquelle nous
sommes arrivés. Enfin, quand je parle d’un fleuve, il en est réduit à a taille
d’une rivière à peine navigable, normal puisque nous remontons vers sa source.
En haut de la muraille, une
plate-forme a été aménagée pour servir de gibet et, en guise de bienvenu, nous
avons été accueillis par cinq corps se balançant au bout d’une corde. Ça
promet !
Le seigneur du lieu est le déplaisant
Graf Theodosius Von Tuchtenhagen, un bellâtre de noblesse discutable à peu près
aussi arrogant que sot. Nous l’avons croisé à Averheim lors de la présentation
des trésors de l’expédition Templemann du Graf von Kaufman.
Le petit port fluvial se situe
dans les murs de la ville. Il n’est pas bien grand et est gardé par une
tourelle où nous n’avons rencontré aucun problème pour nous faire admettre. Nous
avons dû nous acquitter d’une taxe d’un sou, en plus du prix de stationnement. En
discutant avec le vigile, nous avons appris que les pendus étaient des voleurs
qu’on avait surpris dérobant du minerai pendant une attaque d’orcs. La première
information est qu’il existe donc des gens assez stupides pour voler du minerai
et que la justice de l’Empire, comme bien souvent est ferme et expéditive. La
seconde est l’insécurité qui règne dans la région du fait de la recrudescence
des peaux vertes. Elle a été confirmée par un avis que nous a tendu le garde
comme nous partions amarrer notre bateau ; il fait état d’une récompense pour
tout orc tué dans les campagnes environnantes et apparemment cette chasse
attire beaucoup d’aventuriers. Cet avis explique aussi la mise en place de
cette Taxe du Sou afin de pouvoir rémunérer les récompenses aux chasseurs de
peaux vertes.
En suivant les recommandations des
nains de Karak Azgaraz, une fois arrivés à Grenzstadt, nous devions entrer en
contact avec un guide du nom de Zarak qui était un habitué de l’Auberge Dawn
Urbaz. Nous nous y rendons donc immédiatement.
La ville est petite, comme je l’ai
déjà dit, mais c’est aussi une ville sale et dégradée comme le sont souvent les
cités industrieuses. Et bruyante aussi, en raison des nombreuses forges en
activité.
La taverne naine est l’un des
seuls bâtiments en pierre que nous ayons vu ; à l’intérieur, il y avait beaucoup
de monde et ça sentait bon la bière et la bonne chère, surtout après plusieurs
jours sur le bateau à manger de la viande séchée et des biscuits secs. Nous
avons donc pu profiter d’un fort bon repas, copieux et chaleureux, comme les
nains en ont le secret. Je préfère la cuisine halfelin qui est plus raffinée,
mais je ne crache jamais sur un bon plat nain !
En revanche, les informations que
nous tirâmes du tavernier étaient moins réjouissantes : Zarak était parti
depuis plusieurs jours pour accompagner un groupe de chasseurs dans les
Montagnes Noires. Il y avait fort à parier qu’on ne le reverrait pas avant
plusieurs semaines. Nous ne pouvions pas attendre aussi longtemps et nous lui
avons demandé s’il connaissait un autre bon éclaireur. Alors, il nous a parlé
d’un pisteur humain nommé Hans Bichter qui pourrait faire l’affaire et que nous
trouverions probablement à l’Auberge du Dernier Repos.
Après le repas, nous sommes donc partis
pour cette auberge et comme nous arrivions devant une coche d’alarme se mit à
sonner. Les habitants de la ville sortirent de l’auberge et des maisons
voisines et se dirigèrent calmement vers la porte sud. Comme nous demandions ce
qu’il se passait, on nous répondit qu’il s’agissait d’une attaque d’orcs, la
deuxième de la semaine. Afin de nous rendre utiles, nous les avons suivis. Au
pied des murailles, les civils ont récupéré des armes et se sont dirigés à
différents postes sous les ordres des gardes. L’organisation est bien rodée.
Nous avons proposé notre aide aux militaires et ils nous ont placés au-dessus
de la porte à proximité de trois gros canons flambant neufs.
Il faisait nuit noire et nous ne
voyions pas grand-chose. L’attente m’a semblé durer des heures. Puis des feux
se sont allumés au loin et très vite des projectiles enflammés se sont abattus
sur les murs. Alors, les orcs ont commencé à courir vers la ville, brandissant
leurs armes en beuglant leurs cris sauvages. Les artilleurs, en dessous de nous,
ont chargé les canons et à la première salve, une énorme explosion a retenti
nous projetant au sol. J’ai été sonnée peut-être une minute ou deux et mes
oreilles ont bourdonné le reste de la soirée, mais j’ai pu rapidement regagner
mon poste. L’un des canons avait explosé, mais les deux autres crachèrent des
boulets sur la horde sans aucun problème. Les orcs était nombreux, une grosse
mais ils attaquaient à découvert, sans organisation précise ce fut un vrai
massacre. Quand ils furent assez proches, je commençais à lancer des boules de
feu en tirant dans le tas ; je n’avais aucune raison de retenir mes coups
et je m’en suis donnée à cœur joie.
Le seul danger venait de leurs
machines, oserai-je les appeler catapultes, qui balançaient des projectiles
incendiaires qui mirent le feu à plusieurs maisons. Grunilda qui les a vu de
plus près m’a raconté qu’il s’agissait de gobelins avec une sorte de voilure attachée
à leurs bras et avec une bombe attachée sous le ventre. Ces créatures sont
vraiment folles !
Finalement, il ne fut pas trop
difficile de les mettre en fuite.
Meurtris par notre chute et
épuisés par les efforts consentis, nous suivîmes les habitants de la ville
regagnant leurs foyers tout aussi éreintés. Nous prîmes la direction de
l’auberge du Dernier Repos où nous décidâmes de prendre des chambres. Nous
demandâmes à l’aubergiste si Hans Bichter était là et il nous indiqua un homme
assez grand, un peu sale avec un grand chapeau de répurgateur et un collier
fait d’oreilles d’orcs desséchées.
Nous lui avons expliqué que nous
devions nous rendre dans les Montagnes Noires. Il a accepté d’être notre guide
mais à condition que nous lui donnions en plus de sa paye, assez élevée soit
dit en passant, toutes les oreilles des orcs que nous serions amenés à tuer
afin qu’il en récupère la prime. Comme nous n’avions guère le choix, nous avons
accepté ce marché sans trop négocier.
Il nous a ensuite expliqué que
nous devions aller voir Tuchtenhagen pour qu’il nous signe un laisser passer,
puis lorsque nous aurons fait des provisions nous pourrons partir après-demain.
Il nous a promis aussi de nous envoyer un gamin pour surveiller notre bateau et
s’occuper des bêtes pendant notre absence. Une fois tous ces détails réglés
nous sommes partons nous coucher.
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