dimanche 24 janvier 2016

Des corps se balancent au vent...


Journal de H. van Baumer
Grenzstadt, le 31 Sigmarzeit 2521

Nous avons atteint la petite ville de Grenzstadt à la fin de l’après-midi. Les murs d’enceinte culminent à une belle hauteur et ont l’air bien épais. La solidité de cette forteresse n’est guère surprenante puisqu’il s’agit de la dernière place forte défendant l’entrée du col du Feu Noir ; son rôle stratégique est donc primordial pour l’Empire. C’est aussi une ville minière très active. Le fer produit ici est très réputé et alimente en partie les manufactures de Nuln. D’ailleurs, au-dessus de la ville, s’élèvent de longues colonnes de fumées, aussi noires que celles qui obscurcissent le ciel de ma ville natale. Mais la comparaison s’arrête là : la ville est toute petite, il n’y a que trois entrées dont celle du fleuve par laquelle nous sommes arrivés. Enfin, quand je parle d’un fleuve, il en est réduit à a taille d’une rivière à peine navigable, normal puisque nous remontons vers sa source.
En haut de la muraille, une plate-forme a été aménagée pour servir de gibet et, en guise de bienvenu, nous avons été accueillis par cinq corps se balançant au bout d’une corde. Ça promet !
Le seigneur du lieu est le déplaisant Graf Theodosius Von Tuchtenhagen, un bellâtre de noblesse discutable à peu près aussi arrogant que sot. Nous l’avons croisé à Averheim lors de la présentation des trésors de l’expédition Templemann du Graf von Kaufman.

Le petit port fluvial se situe dans les murs de la ville. Il n’est pas bien grand et est gardé par une tourelle où nous n’avons rencontré aucun problème pour nous faire admettre. Nous avons dû nous acquitter d’une taxe d’un sou, en plus du prix de stationnement. En discutant avec le vigile, nous avons appris que les pendus étaient des voleurs qu’on avait surpris dérobant du minerai pendant une attaque d’orcs. La première information est qu’il existe donc des gens assez stupides pour voler du minerai et que la justice de l’Empire, comme bien souvent est ferme et expéditive. La seconde est l’insécurité qui règne dans la région du fait de la recrudescence des peaux vertes. Elle a été confirmée par un avis que nous a tendu le garde comme nous partions amarrer notre bateau ; il fait état d’une récompense pour tout orc tué dans les campagnes environnantes et apparemment cette chasse attire beaucoup d’aventuriers. Cet avis explique aussi la mise en place de cette Taxe du Sou afin de pouvoir rémunérer les récompenses aux chasseurs de peaux vertes.

En suivant les recommandations des nains de Karak Azgaraz, une fois arrivés à Grenzstadt, nous devions entrer en contact avec un guide du nom de Zarak qui était un habitué de l’Auberge Dawn Urbaz. Nous nous y rendons donc immédiatement.
La ville est petite, comme je l’ai déjà dit, mais c’est aussi une ville sale et dégradée comme le sont souvent les cités industrieuses. Et bruyante aussi, en raison des nombreuses forges en activité.
La taverne naine est l’un des seuls bâtiments en pierre que nous ayons vu ; à l’intérieur, il y avait beaucoup de monde et ça sentait bon la bière et la bonne chère, surtout après plusieurs jours sur le bateau à manger de la viande séchée et des biscuits secs. Nous avons donc pu profiter d’un fort bon repas, copieux et chaleureux, comme les nains en ont le secret. Je préfère la cuisine halfelin qui est plus raffinée, mais je ne crache jamais sur un bon plat nain !
En revanche, les informations que nous tirâmes du tavernier étaient moins réjouissantes : Zarak était parti depuis plusieurs jours pour accompagner un groupe de chasseurs dans les Montagnes Noires. Il y avait fort à parier qu’on ne le reverrait pas avant plusieurs semaines. Nous ne pouvions pas attendre aussi longtemps et nous lui avons demandé s’il connaissait un autre bon éclaireur. Alors, il nous a parlé d’un pisteur humain nommé Hans Bichter qui pourrait faire l’affaire et que nous trouverions probablement à l’Auberge du Dernier Repos.

Après le repas, nous sommes donc partis pour cette auberge et comme nous arrivions devant une coche d’alarme se mit à sonner. Les habitants de la ville sortirent de l’auberge et des maisons voisines et se dirigèrent calmement vers la porte sud. Comme nous demandions ce qu’il se passait, on nous répondit qu’il s’agissait d’une attaque d’orcs, la deuxième de la semaine. Afin de nous rendre utiles, nous les avons suivis. Au pied des murailles, les civils ont récupéré des armes et se sont dirigés à différents postes sous les ordres des gardes. L’organisation est bien rodée. Nous avons proposé notre aide aux militaires et ils nous ont placés au-dessus de la porte à proximité de trois gros canons flambant neufs.
Il faisait nuit noire et nous ne voyions pas grand-chose. L’attente m’a semblé durer des heures. Puis des feux se sont allumés au loin et très vite des projectiles enflammés se sont abattus sur les murs. Alors, les orcs ont commencé à courir vers la ville, brandissant leurs armes en beuglant leurs cris sauvages. Les artilleurs, en dessous de nous, ont chargé les canons et à la première salve, une énorme explosion a retenti nous projetant au sol. J’ai été sonnée peut-être une minute ou deux et mes oreilles ont bourdonné le reste de la soirée, mais j’ai pu rapidement regagner mon poste. L’un des canons avait explosé, mais les deux autres crachèrent des boulets sur la horde sans aucun problème. Les orcs était nombreux, une grosse mais ils attaquaient à découvert, sans organisation précise ce fut un vrai massacre. Quand ils furent assez proches, je commençais à lancer des boules de feu en tirant dans le tas ; je n’avais aucune raison de retenir mes coups et je m’en suis donnée à cœur joie.
Le seul danger venait de leurs machines, oserai-je les appeler catapultes, qui balançaient des projectiles incendiaires qui mirent le feu à plusieurs maisons. Grunilda qui les a vu de plus près m’a raconté qu’il s’agissait de gobelins avec une sorte de voilure attachée à leurs bras et avec une bombe attachée sous le ventre. Ces créatures sont vraiment folles !
Finalement, il ne fut pas trop difficile de les mettre en fuite.

Meurtris par notre chute et épuisés par les efforts consentis, nous suivîmes les habitants de la ville regagnant leurs foyers tout aussi éreintés. Nous prîmes la direction de l’auberge du Dernier Repos où nous décidâmes de prendre des chambres. Nous demandâmes à l’aubergiste si Hans Bichter était là et il nous indiqua un homme assez grand, un peu sale avec un grand chapeau de répurgateur et un collier fait d’oreilles d’orcs desséchées.
Nous lui avons expliqué que nous devions nous rendre dans les Montagnes Noires. Il a accepté d’être notre guide mais à condition que nous lui donnions en plus de sa paye, assez élevée soit dit en passant, toutes les oreilles des orcs que nous serions amenés à tuer afin qu’il en récupère la prime. Comme nous n’avions guère le choix, nous avons accepté ce marché sans trop négocier.
Il nous a ensuite expliqué que nous devions aller voir Tuchtenhagen pour qu’il nous signe un laisser passer, puis lorsque nous aurons fait des provisions nous pourrons partir après-demain. Il nous a promis aussi de nous envoyer un gamin pour surveiller notre bateau et s’occuper des bêtes pendant notre absence. Une fois tous ces détails réglés nous sommes partons nous coucher.









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